Une hirondelle saisie en vol

Cette semaine, Fabien de Selles-sur-Cher soumet à notre expertise une mascotte automobile en forme d’oiseau. Notre commissaire-priseur Aymeric Rouillac nous en dit plus sur l’histoire et la valeur de celle-ci.

L’objet de cette semaine est une sculpture en métal chromé en forme d’hirondelle. À l’envol, sa tête est levée et son corps en ascension. Elle repose sur un support métallique signé « Ludes ». Sa patine métallique chromée est piquée de traces vertes laissant supposer qu’elle pourrait être à base d’un alliage de cuivre, comme le bronze.

En cette dernière semaine du Tour de France, cette hirondelle est un clin d’œil à la petite Reine. Associée au retour de l’été, la bicyclette est devenue un élément du paysage urbain. Certains groupes de cyclistes prennent volontiers des surnoms, telles les brigades cyclistes de Paris qui furent surnommées « Les Hirondelles », en raison des vélos utilisés, de la marque « Hirondelle ». Toutefois, l’image de vitesse de l’hirondelle fut utilisée dans d’autres domaines, notamment l’automobile.

Les constructeurs des premières automobiles cherchent à créer une identité visuelle forte pour se démarquer de la concurrence au premier coup d’œil. C’est ainsi que sont créées les mascottes automobiles, des petites sculptures chargées d’orner le bouchon du radiateur à l’avant du capot. Cet art culmine dans les années 1920 puis décline avec les évolutions techniques et réglementaires. Certaines mascottes sont devenues emblématiques, comme le Jaguar bondissant de la marque éponyme ou « l’éléphant dansant » créé par Rembrandt Bugatti pour le modèle Type 41 Royale fabriqué dans l’usine de son frère Ettore. On pense également à la plus célèbre mascotte automobile, le « Spirit of Ecstasy », créé par Charles Sykes pour la marque Rolls-Royce, dont la silhouette traduit la vitesse et le mouvement.

Votre sculpture, Fabien, pourrait tout à fait se rattacher à ce type de production. En effet, l’orifice au niveau du support pourrait permettre de l’attacher à un capot tandis que la couche de chrome qui la recouvre remplit à la fois une fonction esthétique et une fonction pratique, faisant briller et protégeant l’objet de la corrosion. Le constructeur Simca s’est servi d’une hirondelle sur son logo de 1942 à 1980, mais aussi sur certains modèles tels que l’Aronde, dont le nom signifie hirondelle en ancien français. Cependant, malgré nos recherches, nous n’avons pas pu trouver s’il s’agissait bel et bien d’une mascotte de la firme. Il pourrait alors s’agir d’un hommage ou d’un projet non abouti. En l’absence de confirmation, il vaut donc mieux rester prudent sur son origine.

Cette sculpture fort sympathique pourrait aussi bien plaire aux collectionneurs d’automobiles qu’aux amateurs de sculptures animalières. On peut alors raisonnablement l’estimer autour de 150 euros. Si une hirondelle ne fait pas le printemps et que la pluie règne en maîtresse en ce début d’été, gageons que ce bel oiseau brillera de mille feux au retour du soleil !