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Destinées humaines

Samedi 07 juin 2025

Ouest-France Ille-et-Vilaine, Christophe Penot

Dans son style unique de commissaire-priseur formé aux belles lettres, Karl Benz nous prévient : « Un murmure rapporte qu'un certain Frère Augustin (1901-1995), entré en 1923 à l'abbaye cistercienne Notre-Dame de Timadeuc, aurait été le confesseur de Jules-Charles Le Bozec. » Soit. Nous nous contenterons d'ajouter, pour qui l'ignorait, que le Jules-Charles Le Bozec en question était un sculpteur réputé. Un breton, né à Saint-Mayeux, dans les anciennes Côtes-du-Nord en 1898, et couronné, en 1903, par le célébrissime Prix de Rome. Sa propre gloire et sa fortune auraient pu être faites, s'il n'avait décidé de tout abandonner pour une quête spirituelle. Car ainsi vont quelques fois les hommes : fuyant le bruit et cherchant l'essentiel. C'est suffisamment rare pour qu'on s'attache à le souligner...

Que se disaient l'artiste et son confesseur ? Dieu et le diable seuls le savent, puisqu'il n'existe pas de saint qui soit parfait. Mais, devant la haute sculpture en plâtre (2,10 m) que Jules-Charles Le Bozec lui a consacrée, devant ce prieur en sabots méditant sur les destinées humaines, on veut croire qu'ils discutaient de silence et de paix. Qu'ils goûtaient chaque instant du jour pour faire valoir, selon le mot de Christian Bobin, « la joie éternelle de se sentir mortel »... Après quoi, évidemment, on peine à préciser que ce chef-d'œuvre de la statuaire bretonne sera mis aux enchères, ce samedi, dans le cadre romantique du château de Quintin, sur une estimation de 5 000 à 8 000 €. Considération un peu basse, certes, mais pragmatique, donc nécessaire.

Comme il est nécessaire de rappeler que dans un autre château, à Villandry (Indre-et-Loire), dimanche et lundi, l'étude tourangelle Rouillac tiendra sa 37e Vente Garden Party. Son but ? Décrocher, avec un exceptionnel petit marbre de Rodin, une seizième adjudication millionnaire, ce dont les maisons parisiennes n'oseraient même pas rêver ! Défi que Karl Benz suivra de près : avant de voler de ses propres ailes à Plérin-sur-Mer, il était troisième marteau chez Philippe et Aymeric Rouillac.
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