La ruée vers l’or des indiens d’Amérique
Samedi 16 janvier 2021 à 07h
Cette semaine, Claude, un lecteur fidèle, nous fait parvenir la photographie d’une pièce de monnaie. Aymeric Rouillac, notre commissaire-priseur, partage son avis.
Depuis l’expédition de 1492 menée par Christophe Colomb, le continent américain a toujours fait l’objet de fantasmes. En 1539, un moine franciscain nommé Marcos de Niza prétend avoir découvert sept cités d’or en Amérique du Nord. Au sud de l’équateur c’est la légende « d’Eldorado » qui prête aux Incas des richesses infinies. Les européens pillent les amérindiens, mais les cités dorées ne sont jamais révélées…
Au milieu du XIXe siècle, la recherche du métal précieux accélère la « conquête de l’Ouest ». La découverte des mines à Sutter’s Mill dans l’actuelle Californie transforme radicalement ce qui deviendra les États-Unis. Des milliers d’aventuriers et orpailleurs – chercheurs d’or – naviguent jusqu’aux côtes pacifiques. Ils y extraient des tonnes d’or faisant affluer une population encore plus nombreuse.
Grâce à ces réserves naturelles, les États-Unis disposent aujourd’hui de la plus importante capitalisation de métal précieux au monde, environ 8000 tonnes. A l’instar des pays européens, ils ont eux aussi frappé monnaie dans cette matière. Les 20 francs or, ou Louis d’or français, pèsent environ 5,8 g. Ce poids est standard dans la plupart des pays européens, à l’exception notable et habituelle des anglais. Les étatsuniens frappent pour leur part des pièces standard de 10 dollars pesant 16,7 g. Comme on peut s’en douter la valeur des pièces américaines et donc bien supérieure à celles fabriquées en Europe.
La pièce de Claude date de 1915 et elle figure un indien sioux aussi appelé « Indian Head Eagle ». Lorsque Théodore Roosevelt est élu président en 1904 il n’est pas satisfait des dessins des médailles qu’on lui propose. Il va alors faire appel au grand sculpteur franco-irlandais Augustus Saint Gaudens (1848-1907), pour lui confier la réalisation de nouvelles monnaies. La tête d’indien coiffé de plumes sur l’avers - face - et l’aigle majestueux au revers - pile -vont devenir des icônes. On lit en haut à droite de l’aigle la devise « E pluribus unum » qui équivaut à l’union fait la force. À partir de 1908, c’est donc le cas de la pièce de Claude, on trouve la mention « In God we Trust » à gauche de l’aigle. Les numismates sont sensibles à ces petits détails qui permettent de valoriser une monnaie. Il faut donc en saisir toutes les nuances. Malheureusement pour Claude les pièces d’après 1908 ne sont pas plus rares que celles antérieures et leurs valeurs sont les mêmes. Pour la petite histoire une rarissime pièce de 20 dollars or datant de 1933 a été vendue presque six millions d’euros en 2002… Constatez qu’il ne faut pas négliger une expertise sérieuse !
Claude a fait sertir sa pièces dans un entourage en or jaune qui permet de la porter comme un médaillon. Avec ses vingt-sept millimètres de diamètre il est vrai qu’elle est nettement plus grande qu’un louis d’or. Toutefois, on espèrera que la monture n’a pas endommagé la tranche de la pièce, sans quoi sa valeur numismatique diminue. Les collectionneurs sont d’ailleurs très soucieux de leurs états. Ils ont un langage propre pour en décrire l’aspect : « beau » ce n’est pas du jolie… En revanche si on parle de « fleur de coin » : l’épreuve est superbe !
La valeur de l’or fluctue beaucoup, aujourd’hui on pourrait estimer la pièce de Claude entre 850 et 900 euros sans la monture. Le 14 février nous disperserons à Tours de formidables monnaies. L’occasion d’acquérir, comme notre lecteur, un morceau de la ruée vers l’or !